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Dialegein

La formation philosophique ouvre l'esprit à la considération de la diversité des objets. Ce blog d'un professeur de philosophie propose des articles thématiques variés.

Brèves de philosophie et de littérature

Publié le 27 Avril 2007 par Bruno Guitton in Philosophie

Dialegein ouvre une nouvelle rubrique:

                          

                                      Brèves de philosophie et de littérature

où vous pourrez rencontrer quelques traits fulgurants et citations particulièrement intéressantes de la pensée des écrivains et des philosophes que nous venons de lire ou travailler dans notre propre actualité.


30/09/2009
On est stupéfait de voir combien de controverses philosophiques apparaissent comme dépourvues de toute signification, dès qu'on les soumet à cette épreuve de leur chercher une conséquence concrète.
William James, Le Pragmatisme, 1907,Flammarion, p60.

23/12/2008

La question n’était pas de savoir quel était le sens de cette vie, la vraie question, la seule, était de savoir : que pouvons-nous faire de la vie ? Louis Guilloux, Le sang noir, Editions Gallimard, p162

5/05/2008
L'élan infiniment passionné vers le fini, malgré la contradiction qu'il implique, malgré qu'il paraisse absurde à notre entendement humain, se trouve être, cet unique nécessaire auquel il fut donné de triompher de tous les "impossibles" et de tous les "tu dois".
Léon Chestov, Kierkegaard et la philosophie existentielle, p369,Ed.Vrin

25/09/2007
La durée de la vie humaine est un point ; la matière, un flux perpétuel ; la sensation, un phénomène obscur ; la réunion des parties du corps, une masse corruptible ; l’âme, un tourbillon ; le sort, une énigme, ; la réputation, une chose sans jugement. Pour le dire en somme, du corps tout est fleuve qui coule ; de l’âme tout est songe et fumée ; la vie est une guerre, une halte de voyageurs ; la renommée posthume c’est l’oubli. Qu’est-ce donc qui peut nous servir de guide ? Une chose et une seule, la philosophie.

Marc-Aurèle, Pensées, II,17.


18/09/2007
Le langage peut-il dire le monde?
Parler consiste à transformer le monde de l'existence en un monde de mots, par conséquent, à le supprimer dans sa manière d'être.
Brice Parain, Petite métaphysique de la parole, 1969.

L'évidence d'une réalité...
Le bonheur demeure toujours possible; car, dans notre société capitaliste, c'est: choses promises ne sont pas choses dues.
Georges Pérec, Les Choses, 1965.

L'homme toujours pêcheur ou toujours homme?
Le coeur ne vieillit pas en même temps que le corps. La stupeur que nous donne parfois la vue de notre visage dans un miroir vient de ce que nous ne voyons pas toujours notre corps lentement détruit, mais qu'en revanche nous sommes toujours en contact avec notre coeur qui ne change pas.
Le coeur ne tient pas compte des avertissements de la chair. Ces avertissements, d'ailleurs, ne nous viennent souvent que de notre aspect physique, non d'un fléchissement du désir ni de la puissance diminuée du sang.
François Mauriac, Souffrances du chrétien, p77 ,1931,Livre de poche

Un Mauriac proche de Schopenhauer?
Cela surtout fait la force du christianisme: il donne un sens à la douleur; le chrétien sait pourquoi il souffre; en imitation de son Dieu cruxifié, en union avec lui, il a part à son agonie, il coopère à la rédemption du monde.
François Mauriac, Souffrances du chrétien, p63 ,1931,Livre de poche

Un Mauriac nietzschéen?
Beaucoup de chrétiens, même voués à une piété qui se veut, qui se croit épurée, ne sont que des concupiscents acharnés à jouir.
François Mauriac, Souffrances du chrétien, p43 ,1931,Livre de poche


2/ 08/2007  
La critique est la mère de la philosophie et la preuve de la lberté de penser.
Les contradictions donc des jugements ne m’offensent, ni m’altèrent ; elles m’éveillent et m’exercent. A chaque opposition, on ne regarde pas si elle est juste, mais, à tort ou à droit, comment on s’en défera. Au lieu d’y tendre les bras, nous y tendons les griffes. Je souffrirais être rudement heurté par mes amis : « tu es un sot ; tu rêves ». J’aime, entre les galants hommes, qu’on s’exprime courageusement, que les mots aillent où va la pensée…Je festoie et caresse la vérité en quelque main que je la trouve et m’y rends allègrement et lui tends mes armes vaincues, de loin que je la vois approcher.
Montaigne, Essais, LIII,chap VIII, De l’art de conférer, 1588


Danger du Politiquement correct pour la démocratie...
Le concept de l'espace public n'a de sens que si c'est un théâtre où chacun s'exprime sans arrière-pensées. En supprimant la contrainte d'avoir des arrière-pensées, on vous permet d'entrer dans le régime du combat des arguments explicites qui qualifie la démocratie. C'est d'ailleurs un exemple dont Emmanuel Kant a déjà profité dans son fameux traité sur la Paix éternelle, en dénonçant les rois trompeurs qui font la paix avec la ferme intention de recommencer la guerre. Pour que la paix soit durable, il essaie d'exclure la ruse politique de l'espace public. En donnant à tous le droit de s'exprimer librement, la démocratie supprime cette arrière-monde intérieur chez les citoyens d'où pourraient revenir les reptiles.(...) Avant la montée du politiquement correct, il était légitime de défendre les opinions les plus extrêmes, y compris antisémites et racistes, ce qui est beaucoup plus sain que de faire des suppositions sur les arrière-pensées de l'autre. Maintenant, un climat de persécution a envahi l'espace public. La liberté d'expression est en pleine dégénérescence. Personne ne pense plus que l'autre dit ce qu'il veut dire. Le Politically correct déclenche un processus menant à une paranoïa généralisée.
Peter Sloterdijk, Les Battements du monde, Hachette Littératures, p63
 

26/07/2007
 
L'humain brouille les cartes des valeurs dans l'histoire...
Que le lecteur referme ici ce livre s'il en attend une accusation politique, écrit Soljenitsyne dans l'Archipel du Goulag. Ah! Si les choses étaient si simples, s'il y avait quelque part des hommes à l'âme noire se livrant perfidement à de noires actions et s'il s'agissait seulement de les distinguer des autres et de les supprimer! Mais la ligne de partage entre le Bien et le Mal passe par le coeur de chaque homme. Et qui ira détruire un morceau de son propre coeur?
 

7/05/2007
 
Est-il possible d'être apatride ou de posséder l'identité d'expatrié? 
Il faut avoir une terre à soi pour ne pas en avoir besoin... 
Jean Améry, Par-delà le crime et le châtiment,p89, Editions Actes Sud 1995.

 Peut-on critiquer l'humanitaire?...
La génération humanitaire veut en finir avec la période idéologique qui assujettissait l'histoire des hommes à la logique d'une seule idée. Mais, pas plus que l'idéologie, elle n'accepte de s'exposer à "l'infiniment probable" qui, pour reprendre une expression de Hannah Arendt, constitue la "texture même du réel".Elle n'aime pas les hommes (trop déconcertants), elle aime s'occuper d'eux. Libres, ils lui font peur; pour donner libre cours à toute sa tendresse et pour en prendre soin sans qu'ils prennent le large, elle les veut handicapés.Egarée naguère par la fable de l'humanité en marche, elle se replie afin d'éviter toute mauvaise surprise, sur la vérité indiscutable de l'humanité souffrante.Dégrisée de la grande Histoire, elle ne s'intéresse plus qu'au malheur de l'espèce: sa solidarité prend la forme d'un immense maternage. 
Alain Finkelkraut, L'humanité perdue, p131,Editions du Seuil, 1996.

 

 4/05/2007

La Rochefoucauld, un des premiers psychologues...

 

26: Le soleil ni la mort ne peuvent se regarder fixement.

La Rochefoucauld, Réflexions ou sentences et Maximes morales, p48, Editions Gallimard, Folio Classique.

 

316: Les personnes faibles ne peuvent être sincères.

Ibid, p97, Editions Gallimard, Folio Classique.

 

314: L'extrême plaisir que nous prenons à parler de nous-mêmes nous doit faire craindre de n'en donner guère à ceux qui nous écoutent.

Ibid, p96, Editions Gallimard, Folio Classique.

 

322: Il n'y a que ceux qui sont méprisables qui craignent d'être méprisés.

Ibid, p98, Editions Gallimard, Folio Classique.

 

375: Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée.

Ibid, p105, Editions Gallimard, Folio Classique.

 

384: On ne devrait s'étonner que de pouvoir encore s'étonner.

Ibid, p107,Editions Gallimard, Folio Classique.

 

 

 27/04/2007

 Dostoïevski et la fraternité des français
Dans la nature française et, en général, dans la nature occidentale, on ne l’a pas trouvée ; ce qu’on a trouvé c’était le principe de la personne , le principe de l’individu, de la conservation de soi poussée très loin, de la vie à son propre compte, de l’autonomie de son moi propre, de l’opposition de ce moi à toute la nature et à tous les autres hommes, comme un principe distinct, qui se suffit à lui-même, complètement égal et équivalent à tout ce qui existe hors de lui.                                                                                    
Fiodor Dostoïevski, Le Bourgeois de Paris, II, p51, Rivage Poche. 1863


Dostoïevski parle de l’honneur des  bourgeois français… (et nous en parle alors que nous sommes en période d'élections présidentielles).

Mais ici, en vérité, il y a beaucoup d’hommes honnêtes qui, en revanche, ont complètement perdu tout sentiment d’honneur,…

Fiodor Dostoïevski, Le Bourgeois de Paris, III, p74, Rivage Poche. 1863

 L’europe, déjà comme une nécessité…
Le principe des nationalités indépendantes n’est pas de nature, comme plusieurs le pensent, à délivrer l’espèce humaine du fléau de la guerre ; au contraire, j’ai toujours craint que le principe des nationalités, substitué au doux et paternel symbole de la légitimité, ne fît dégénérer les luttes des peuples en extermination de race ;.. On verra la fin de la guerre quand, au principe des nationalités, on joindra le principe qui en est le correctif, celui de la fédération européenne, supérieure à toutes les nationalités.

Ernest Renan, La Guerre entre la France et l’Allemagne, Revue des deux mondes, Editions Complexe, P164, 1870

 

 

 

 

 

 

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