Royal de luxe.
L’objet du délit : « Il va falloir être assez révolutionnaires dans les propositions que l'on va faire. Moi, j'ai fait une proposition. Par ailleurs, je ne vais pas encore la crier sur les toits, parce que je ne veux pas me prendre des coups des organisations syndicales enseignantes. Je pense qu'il faut un pacte pendant la préparation du programme du PS avec les organisations syndicales. Il faut un pacte avec elles pour que si on arrive aux responsabilités, on soit immédiatement opérationnel. Et je pense qu'un des nouds de l'échec scolaire se joue au collège. C'est-à-dire que les enfants arrivent en 6ème, 5ème, et là, si ils décrochent, on sait déjà ceux qui n'iront pas jusqu'au baccalauréat ou ceux qui seront en situation de décrochage scolaire. Moi je pense qu'une révolution c'est de faire les 35 heures au collège, c'est-à-dire que les enseignants restent 35 heures au collège. Et dans ce paquet global, il y a des cours, mais ils ne quittent pas le collège quand ils ont fini leurs cours, parce qu'on est dans un système où, finalement, les parents qui ont les moyens, ou même ceux qui se saignent aux quatre veines lorsque leurs enfants sont en difficulté, qu'est-ce qu'ils font ? Ils donnent des cours de soutien scolaire individualisé à leurs enfants. On est quand même dans un système absurde où aujourd'hui en France on a maintenant des entreprises cotées en bourse de soutien scolaire (Acadomia, etc.) qui donnent droit à des déductions fiscales et ceux qui font cours dans ces entreprises, eux, c'est les profs du secteur public. Comment se fait-il que des enseignants du secteur public aient le temps d'aller faire du soutien individualisé payant et ils n'ont pas le temps de faire du soutien individualisé gratuit ? Il y a quand même un. (Rires) Mais je pense que si on ne fait pas un pas, y compris pourquoi pas avec les nouvelles générations d'enseignants si les autres nous disent : « Ben non, droit acquis, on fait nos 17 heures de cours et on s'en va ». »
Ségolène Royal en janvier 2006 filmée dans une réunion de la Fédération Socialiste du Maine et Loire.
Il faut mettre au courant cette dame rapidement de ce qu’est le métier d’enseignant. Tenus au 18 heures face aux élèves, les enseignants corrigent des copies par exemple. Une copie de philosophie est lue en ce qui me concerne cinq fois, soit en moyenne de 25 à 45 minutes par copie. Il faut aussi dire à cette dame que les professeurs se réunissent assez souvent (conseils de classe, équipe pédagogique, entretien avec les parents, etc.). Il faut aussi faire savoir à cette dame que beaucoup d’enseignants donnent du soutien aux élèves, gratuitement, et dans les établissements mêmes, simplement parce qu’ils ont la conscience professionnelle nécessaire pour en faire plus sans le faire savoir dans les journaux. Et là les 18 heures sont bien loin…Peut-être même que Mme Royal est en fait en train de nous proposer une mesure de réduction du temps de travail.
Il faudrait aussi qu’elle sache, cette dame, qu’un professeur a certes des vacances, mais que son salaire ne fait pas rêver les foules, et ce pendant toute sa carrière. Paradoxalement, ils sont peu à aller chercher des rémunérations dans les institutions privées et ils le font pour améliorer leur ordinaire, bien ordinaire. La loi devrait-elle l’interdire ? Elle interdirait alors dans ce cas le désir d’améliorer son ordinaire. Donc le désir d’avenir de l’amélioration de l’ordinaire. Nouvelle proposition PS originale.
Il serait utile, également, de communiquer à Mme Royal que les inspections générales par la voix de leurs IPR (Inspecteur Pédagogique Régional) nous disent souvent qu’une heure de cours face aux élèves équivaut à deux ou trois heures d’un travail en bureau puisque, et c’est un scoop pour cette dame, et rien que pour elle, faire cours, c’est toujours mouiller sa chemise. Plus que lorsqu’elle est assise dans une salle de la Fédération Socialiste du Maine et Loire où des gens sympas vous écoutent sympathiquement en trouvant que vous êtes une femme de caractère parce que vous franchissez les limites du respect. En plus face à des profs, coupables de la décadence républicaine en matière de formation. Oui, faire cours est difficile. Plus que jouer les divas provocantes devant un parterre de courtisans qui se disent que peut-être, il y a quelque chose à gagner pour eux, dans l’avenir, avec les désirs d’avenir. Peut-être d’ailleurs que cette dame ne pourrait résister à la pression de ce qu’on appelle un cours. Face à des élèves qui a priori ne sont pas là pour vous considérer d’emblée comme passionnant. Elle affirme elle-même avoir souffert de la tension des débats des primaires du PS. Débats sympathiques entre amis, eux aussi sympathiques. Rien à voir avec mes collègues en banlieues, face aux insultes, aux menaces et à la violence. Non rien à voir. En plus, comme cette dame l’ignore, il faut aussi lui dire que les professeurs continuent à lire, à s’informer, à écrire, pour ne pas dire de bêtises aux élèves, comme d’ailleurs cette dame devrait le faire sur le Traité de Non Prolifération Nucléaire ou la possibilité pour nos avions de chasse d’atterrir sur des porte-avions anglais.
Enfin, pour compléter son savoir, il faut lui communiquer que le corps des professeurs est héritier des hussards de la République qui ont fait l’intelligence française, la culture de notre nation et la liberté de la pensée dont elle jouit. Les faire passer indirectement pour des paresseux relève de l’insulte, du mépris et de la pure flagornerie électorale. Avec le dédain en plus. Sans doute parviendra-t-elle à opposer l’opinion aux professeurs puisqu’il y a plus de voix dans l’opinion que chez les modestes professeurs, mais elle devra aussi se souvenir que le régime de notre état est une démocratie représentative où le vote, grand bien nous fasse, est aussi une arme. Une arme citoyenne.
Mais ouf, elle vient de dire, sur France 3, tout le bien qu’elle pense des professeurs. Toute son admiration. Nous sommes redevenus géniaux, responsables, lucides et elle et nous, partageons la souffrance de l’échec scolaire. Nous n’avions pas compris ce qu’elle avait dit en secret, derrière notre dos, dans les conciliabules, dans les alcôves et les coulisses. Il fallait écouter toute la vidéo, dont seulement une partie avait été vendue par des traîtres qui voulaient lui nuire. Rendre publics des propos d’une femme politique, donc publique. Il y a hérésie. Violation des Droits de l’Homme. Et nos syndicats qui brillent souvent par leur pertinence, leur sens de la dialectique et de l’analyse, par leur vision et anticipation ont montré leur méfiance vis à vis de ce procédé démocratique qui consiste à dire au peuple ce qui se dit en réunion. Non, ce n’est pas bien ce climat qui met au grand jour ce qui se murmure dans la nuit. Ils auraient même pu proposer une grève pour que ne soit plus divulgué un propos de réunion politique de fédération. Mais on aurait alors eu du mal à les comprendre, nos syndicats.
Mais ne nous fâchons pas ! C’était entre familiers, alors, pensez-vous, comme dans les noces et les banquets, souvent, le vin aidant, on dérape. On ne sait plus ce que l’on dit. Après, on regrette. On téléphone à la famille et on dit qu’on a quand même bien ri. Mais que bon, l’excès était pardonnable. Seulement, pour une fois, on n’y croira pas, uniquement parce qu’un politique, un vrai politique, cela devrait être quelqu’un qui fait comme il dit. Dans les banquets comme ailleurs…On peut rêver. Non ?
BG
Réponse d'un des membres du Comitéde Pilotage Désirs d'avenir.
Bonsoir Bruno,
Passons outre la manipulation des images et posons nous les vraies questions de l'égalité des chances dans l'éducation. Qui, mieux que le service public, l'école de la République, peut répondre à cette question: permettre à tous d'accéder au savoir pour pouvoir choisir son avenir. Il faut en débattre. Alors, plutôt que des messages insultant et stériles, rendez-vous sur http://www.desirsdavenir.org/index.php?c=debats_participatifs
Merci de votre réaction puisque mes questions sur l'enseignement de la philosophie adressées à votre candidate sont restées sans réponse.
Là il s'agit d'un tout autre débat.
1- J'estime que prendre position dans un débat, même dans une fédération régionale relève de l'espace public. Pour le reste, c'est à dire sa diffusion par les hommes de DSK, vous voyez ça entre vous.
2- Induire que les professeurs devraient être présents 35 heures, c'est déjà ignorer que peu sont ceux qui passent 18 heures dans un collège ou lycée, ou alors, ils n'ont jamais aucune réunion, aucun projet, aucune concertation, ce qui est proprement impossible. Demandez aux proviseurs ce qu'ils en pensent ! C’est un peu revenir vers les grossièretés d’Allègre, si vous voyez ce que je veux dire…
3- Une heure d'enseignement n'est-elle à évaluer que quantitativement? Après 18 ans de carrière, elle me coûte encore bien des efforts et aussi du courage.
4-L'Ecole de la France souffre de maux que la gestion PS a entérinés. Pour leur détail, je vous renvoie à celui qui les a le mieux synthétisés: JP Brighelli avec lequel, jusqu’à maintenant, je suis en accord. Reprendre également ses ouvrages est riche de diagnostic. J’éviterai donc une longue analyse. Mais la lame de fond que Jean-Paul Brighelli a suscitée ne vous est pas favorable. Loin de là ! Elle pourrait même vous emporter…
5- L’article n’était qu’ironique, cher Monsieur, ou alors l’ironie même sacarstique, lorsque l’on parle de votre candidate est interdite. Moi qui croyais à la démocratie participative…. Enfin, tout cela n’est pas aussi stérile que vous le pensez puisque votre amie vient de perdre bien des voix en s’exprimant de la sorte.
D’un coup…Et toute seule.
Bonne continuation à vous
BG
PS. Pour alimenter le débat, je me suis permis de mettre notre échange sur mon site mais
sans votre nom. Notre débat n’étant pas dans une fédération régionale du PS.